Mon département j'y tiens !

Le 8 avril le Premier Ministre a annoncé à la tribune de l’Assemblée Nationale la suppression des départements sans aucune concertation préalable.

Par cette annonce le Premier Ministre vient contredire les propos du Président de la République qui, quelques semaines plus tôt à l’occasion d’un déplacement en Corrèze, rappelait son attachement aux départements ruraux et confirmait la pertinence de la collectivité départementale…
Brutale et méprisante sur la forme, incohérente sur le fond, cette décision a suscité un tollé dans tous les départements ruraux, de droite comme de gauche, où le sentiment d’abandon prédomine.

Sous couvert de modernité et au prétexte d’alléger le “mille-feuille territorial”, les départements sont désignés à la vindicte populaire, ou plus grave populiste, comme des victimes expiatoires.

Un effet de manches destiné à détourner l’attention de l’essentiel, de l’incapacité du Gouvernement à réformer la France pour retrouver le chemin de la croissance et de l’emploi.

Prenant l’opinion à témoin et lui faisant miroiter des économies, le Gouvernement scelle le sort des départements ruraux au risque de les fragiliser et de compromettre leur avenir.

Après l’épisode récent de la péréquation qui est venue sanctionner le Cantal par rapport aux départements voisins, après le scandaleux redécoupage des cantons qui remet en cause la représentation des territoires ruraux, après la baisse des dotations qui pose la question de l’avenir des collectivités locales les plus fragiles, c’est un coup fatal qui est porté à notre Département.

Ne nous y trompons pas et n’en déplaise aux mauvais esprits qui tenteront d’éviter le débat de fond, la question n’est pas le devenir des élus départementaux mais bien l’avenir des territoires situés demain entre deux métropoles et éloignés des centres de décision, sans pouvoir s’appuyer sur une collectivité de proximité.

L’organisation territoriale qui est esquissée, des régions élargies et des communautés de communes même redimensionnées, va immanquablement accentuer la fracture territoriale et accoucher d’une France à deux vitesses.

Le risque demain est que beaucoup moins de projets aboutissent dans les départements ruraux, que la commande publique s’effondre, entraînant avec elle des pans entiers de notre économie et de nombreux emplois.

Si l’idée d’une réorganisation territoriale est recevable, elle ne doit en aucun cas se faire au détriment de la France rurale.

Continuer à investir pour maintenir de l’emploi dans le Cantal, assurer l’ouverture de notre département et maintenir des services de proximité pour tous et en tout point du territoire, voilà ce pourquoi je me battrai, ce pourquoi nous devons nous mobiliser au-delà de nos sensibilités et dans l’intérêt du Cantal.

Vincent Descoeur
Président du Conseil départemental