Coronavirus : Martine Besombes nous raconte son quotidien d’infirmière libérale

Martine Besombes est Conseillère départementale du canton d’Aurillac 2 et exerce la profession d’infirmière libérale. Elle nous raconte son quotidien et la nécessaire mission de proximité des personnels soignants de terrain.

« Il y a eu un avant et un après week-end du 15 mars. Si le discours du Président de la République (jeudi 12 mars) a fait prendre un peu plus conscience aux gens que l’épidémie grandissait dans notre pays, ils n’avaient pas changé leurs habitudes. Le confinement fût alors une réelle prise de conscience qui véhicula stress et anxiété. Nous l’avons tout de suite ressenti. Les gens ont réalisé que même si nous étions un territoire préservé, nous pouvions quand même être touchés par ce virus.

De notre côté, nous avons adapté nos tournées en diminuant le nombre de passages chez nos patients dont l’état de santé le permettait. Les familles ont pris le relais et nous en avons formé certains à s’administrer seuls leurs traitements lorsque cela était possible.

Pour autant, si les visites sont moins nombreuses, le temps passé chez les patients reste indispensable car nous prenons tout le temps nécessaire pour effectuer l’ensemble des gestes barrières, ce temps reste primordial d’un point de vue social. Les gens ont besoin de parler, d’être rassuré, ils attendent notre venue avec impatience car nous sommes parfois les seules personnes qu’ils voient dans la journée. Nous essayons de leur amener du positif, un sourire, de la joie, des conseils aussi, comme celui de ne pas regarder les chaînes d’information toute la journée pour ne pas alimenter leur anxiété. Les gens nous font confiance, ils apprécient le lien que nous avons tissé avec eux.

Car il est bien là le point positif de ce confinement, le lien.

Il aura fallu cette crise pour que les gens se parlent, s’entraident, soient solidaires. C’est aussi le cas du corps médical qui réapprend à travailler ensemble, avec cohésion, nous le ressentons dans nos relations avec les médecins qui sont plus amicales et bienveillantes. Et cette cohésion est une force, comme le démontre le travail de la cellule de crise mise en place par le Président Bruno Faure avec l’Ordre des médecins du Cantal et Associations de médecins, qui aboutit à la mise en place d’un dispositif de prise en charge des Cantaliens par arrondissement au sein de trois collèges identifiés. Ceci va permettre d’éviter l’engorgement de nos hôpitaux. C’est une initiative très appréciée pour laquelle les infirmières et les médecins donneront de leur temps sur leur repos pour en assurer le fonctionnement.

Enfin, je me permets d’en appeler à la conscience collective car la situation nécessite que chacun fasse preuve de bonne volonté. Nous sommes encore confrontés à des gens qui ne comprennent pas que nous ne nous déplacions pas pour une prise de sang non urgente, des collègues se font agresser pour des masques… Nous essayons de faire notre travail au mieux et il est indispensable que nous puissions le faire dans de bonnes conditions pour le bien de tous.

Aider les autres c’est notre métier et c’est le moment de puiser en nous force et courage pour accomplir cette mission. Nous nous y attachons chaque jour tout comme la majorité des français s’attache à se protéger et à protéger les autres en restant chez soi et en respectant les gestes barrières. C’est un travail collectif. »

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